Dans le cadre d’une entreprise, différents changements peuvent être apportés au cours de son histoire, y compris au niveau d’un dirigeant, qu’il soit gérant majoritaire, gérant minoritaire ou président. Cette démarche entraîne inévitablement une modification des statuts avec les formalités qui en découlent. Et pour cause, le nom du dirigeant est une information mentionnée dans les statuts et sur le K-bis de la société. Or, ceux-ci doivent être régulièrement mis à jour pour être en conformité avec la réalité de l’entreprise. Pourquoi changer le dirigeant de l’entreprise ? Quelles sont les formalités nécessaires ? Les réponses dans ce dossier.
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comparerLes rôles du dirigeant d’entreprise
Le dirigeant d’entreprise assure plusieurs rôles au sein de la société et endosse de nombreuses responsabilités en fonction du statut juridique de la société. Mais en principe, il assure la gestion des affaires courantes de l’entreprise et le représente auprès des tiers.
Dans les SARL, les EURL et les SCI, le dirigeant est appelé gérant (il peut y avoir plusieurs gérants, à l’exception des EURL). Il a pour rôle de :
- représenter la société ;
- signer des contrats pour et au nom de la structure ;
- engager la société auprès des tiers.
Ses prérogatives sont encadrées par les statuts.
Dans les SAS, les SASU et les SA, le dirigeant a la qualité de président. Il est le représentant légal de la société et prend en charge l’organisation, la gestion et l’administration des affaires courantes.
Le président peut être assisté par un ou plusieurs directeurs généraux.
Le gérant de SARL est obligatoirement une personne physique. À l’inverse, le président de SAS peut être une personne physique ou morale.
Dans quel cas un changement de dirigeant intervient-il ?
Le dirigeant peut être changé à tout moment. En principe, le changement de dirigeant résulte de deux causes principales :
- l’arrivée à terme de son mandat ;
- sa démission.
Toutefois, d’autres raisons peuvent également motiver le changement de dirigeant, en l’occurrence :
- la révocation ;
- le départ en retraite ;
- le décès ;
- la condamnation ;
- la dissolution, la fusion ou la transformation de la société.
L’arrivée à terme du mandat du dirigeant d’entreprise
Le dirigeant est nommé en principe pour une durée déterminée. Généralement, ce sont les statuts qui fixent la durée du mandat. De ce fait, en cas de silence des statuts, le dirigeant est nommé pour une durée indéterminée. Par ailleurs, d’autres documents peuvent prévoir la durée du mandat du dirigeant comme le pacte d’associés.
Dans les sociétés anonymes, les statuts prévoient souvent une limite d’âge au président et aux différents administrateurs. Ainsi, quand cette limite est atteinte, leurs fonctions prennent fin automatiquement.
La démission
La démission peut avoir plusieurs causes :
- maladie ;
- déménagement ;
- changement de profession ;
- mésentente avec les associés.
En règle générale, le dirigeant peut démissionner à tout moment sans motif légitime. Toutefois, les statuts, notamment des SARL, peuvent prévoir les conditions de la démission : délai de préavis, notification des associés, acceptation par la société, etc.
La révocation
La révocation du dirigeant d’entreprise est votée en assemblée générale extraordinaire des associés dans les conditions de majorité prévues par les statuts.
Dans les détails, le gérant de SARL peut être révoqué :
- à la majorité absolue à la première consultation ;
- à la majorité relative à la deuxième consultation.
Elle doit être motivée par un juste motif. En cas de révocation abusive, le dirigeant peut exiger le versement de dommages et intérêts.
Par ailleurs, le gérant de SARL peut également être révoqué par le tribunal sur demande d’un associé et pour une cause légitime : abandon de poste, désintéressement de l’entreprise, mise en péril de la SARL, etc.
En SAS, les conditions de révocation sont librement prévues par les statuts. Par ailleurs, le président peut être révoqué sans juste motif et sans préavis. Cependant, en cas de révocation abusive, le président peut également demander le versement de dommages et intérêts.
Le départ en retraite
La retraite est incontournable pour tous les professionnels et les dirigeants d’entreprise n’échappent pas à cette règle. Il est indispensable de préparer le départ en retraite bien avant l’échéance afin que des actions ou des parts sociales ne soient pas vacantes. Ainsi, il peut être prévu une cession des parts aux héritiers ou aux associés par exemple.
Le décès
Effectivement, si le dirigeant d’entreprise venait à décéder au cours de son mandat, il doit être remplacé selon les conditions définies par les statuts.
La condamnation
Le dirigeant d’entreprise engage sa responsabilité civile et pénale dans le cadre de ses fonctions. Si les agissements du dirigeant mettent en péril l’avenir de l’entreprise ou s’il abusait de ses pouvoirs, les tiers et les associés peuvent porter plainte contre lui. Dans ce cas, le dirigeant peut être frappé d’une interdiction de gérer.
Comment changer de dirigeant ? Les formalités à accomplir
Le changement de dirigeant, dès lors que celui-ci est nommé par les statuts, entraîne indubitablement une modification statutaire. Cette modification est soumise à un formalisme strict avec l’accomplissement de plusieurs formalités obligatoires.
Tenir une assemblée générale extraordinaire
Toute modification des statuts doit être votée au cours d’une assemblée générale des associés.
Les conditions de majorité dépendent du statut juridique de la société :
- à la majorité de plus de la moitié des parts sociales pour les SARL
- librement fixées par les statuts.
À l’issue de cette réunion, un procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire ou une décision de l’associé unique constatant la nomination d’un nouveau dirigeant doit être établi.
Par ailleurs, le nouveau président doit accepter ses nouvelles fonctions et indiquer qu’il n’y a aucune incompatibilité avec son nouveau mandat.
Enfin, le nom du nouveau dirigeant doit être indiqué dans les statuts.
Le gérant d’EURL et de SARL peut être nommé par acte séparé. Ce qui permet de contourner les formalités de modification des statuts.
Publier un avis de modification dans un journal d’annonces légales
Cette formalité doit être accomplie dans le mois qui suit l’assemblée générale extraordinaire. L’annonce doit être publiée dans un journal d’annonces légales habilité situé dans le département du siège social de la société.
Le contenu de l’avis est défini par la loi. Ainsi, pour être opposable aux tiers, il doit contenir plusieurs mentions obligatoires, à savoir :
- la dénomination sociale ;
- la forme juridique (SARL, SAS, EURL, SASU, SA, SCI, SNC, etc.) ;
- l’adresse du siège social ;
- l’objet social ;
- le montant du capital social ;
- le numéro d’inscription au RCS et la ville d’immatriculation ;
- le nom et prénom du nouveau dirigeant ainsi que son adresse ;
- le nom de l’ancien dirigeant ;
- le motif de changement de dirigeant.
Déposer le dossier de demande d’inscription modificative au RCS
Ce dossier peut être déposé au centre de formalités des entreprises compétent ou directement au greffe du tribunal de commerce dont relève la société (article R123-5 du code de commerce).
Le dossier doit être déposé au plus tard un mois après l’assemblée générale extraordinaire accompagnée d’un certain nombre de pièces justificatives.
La cessation des fonctions de l’ancien dirigeant et la nomination du nouveau sont opposables aux tiers une fois toutes ces formalités réalisées.
Les documents justificatifs nécessaires
La liste des pièces justificatives demandées par le greffe du tribunal de commerce est quasi similaire pour toutes les sociétés, à quelques exceptions près.
Les pièces à fournir pour les SAS
- Un exemplaire de l’acte constatant le changement de président de la société certifié conforme par le représentant légal. L’identité de l’ancien président doit également apparaître dans cet acte.
- Un formulaire M3 dûment rempli et signé par le représentant légal de la société.
- Le cas échéant, une copie des statuts mis à jour.
- Un pouvoir en original du représentant légal s’il n’a pas signé lui-même le formulaire M3-A. À noter que ce pouvoir peut être donné dans les actes.
- Une attestation de parution d’un avis de modification dans un journal d’annonces légales.
- Une copie de l’autorisation, du diplôme ou du titre, selon le cas, délivré par l’autorité compétente si l’activité déclarée de la SAS est réglementée.
- Un chèque libellé à l’ordre du greffe du tribunal de commerce.
D’autres pièces justificatives relatives au nouveau président de la SAS doivent également être jointes au dossier.
Pour le président personne physique
Il faudra réunir les justificatifs ci-après :
- Une copie de la carte nationale d’identité ou du passeport. Si le nouveau président est de nationalité étrangère et soumis à l’obligation d’être titulaire d’un titre de séjour, il doit fournir une copie recto verso de son titre de séjour en cours de validité. Dans le cas contraire, il doit présenter tout document officiel établissant son identité de la personne. Cela peut être par exemple un passeport.
- Une déclaration sur l’honneur de non-condamnation du nouveau président, signée par lui-même. Cette déclaration fera l’objet d’une vérification par le juge commis au registre du commerce et des sociétés auprès du casier judiciaire national.
- Une déclaration de filiation (nom et prénoms du père, nom de jeune fille et prénom de la mère), sauf si la filiation figure dans un document déjà produit
Pour le président personne morale
Si le nouveau président de la SAS est une personne morale, ce sont les justificatifs suivants qu’il faudra déposer au greffe du tribunal de commerce.
- Un extrait de l’immatriculation en original de moins de trois mois. À défaut, un titre justifiant l’existence de la personne morale (par exemple ses statuts) si elle n’est pas inscrite au RCS ou si elle relève d’un pays non membre de la communauté européenne. Les statuts doivent être traduits en langue française et certifiés conformes par le représentant légal.
- Si la personne morale n’est pas immatriculée ou relève d’un pays non membre de la communauté européenne, son représentant légal doit être déclaré au RCS. Dans ce cas, il faudra joindre les pièces justificatives suivantes au dossier :
- une copie de la carte nationale d’identité, du passeport ou d’un titre de séjour accompagnée, le cas échéant, de la copie du récépissé de la déclaration réalisée à la préfecture pour l’exercice d’une profession commerciale, industrielle ou artisanale (selon la nationalité du représentant) ;
- une déclaration sur l’honneur de non-condamnation datée et signée en original par le représentant légal, ainsi que l’attestation de filiation si celle-ci ne figure pas dans un document déjà produit.
Les pièces à fournir pour les SARL
Dans le cas d’une SARL, les pièces justificatives à joindre au dossier sont les suivantes.
- Un exemplaire de l’acte de la société (le procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire) décidant du changement de gérant, certifié conforme par le nouveau gérant. Par ailleurs, l’acte devra également indiquer le nom de l’ancien gérant.
- Un formulaire M3 SARL-SELARL dûment rempli et signé par le représentant légal.
- Le cas échéant, une copie des statuts mis à jour.
- Un pouvoir en original du nouveau gérant s’il n’a pas signé lui-même le formulaire M3.
- Une attestation de parution d’un avis dans un journal d’annonces légales.
- Une photocopie de la pièce d’identité du nouveau gérant. Si ce dernier est de nationalité étrangère et réside en France, il doit fournir une copie recto verso de son titre de séjour.
- Une déclaration sur l’honneur de non-condamnation signée du nouveau gérant. Cette déclaration fera l’objet d’une vérification par le juge commis au registre du commerce et des sociétés auprès des services du casier judiciaire national.
- Une attestation de filiation du nouveau gérant (nom et prénoms des parents) si la filiation ne figure pas dans un document déjà produit.
- Un chèque libellé à l’ordre du greffe du tribunal de commerce.
Quel est le coût d’un changement de dirigeant ?
Un changement de dirigeant s’accompagne des coûts obligatoires suivants :
- Frais de publicité : entre 110 et 170 euros TTC en fonction du nombre de lignes.
- Frais de greffe : 192,01 € TTC répartis comme suit
- Émoluments du greffe : 46,82 €
- INPI : 5,9 €
- BODACC : 116 €
- Dépôt d’actes : 13,93 €
- TVA : 9,36 €
Par ailleurs, si la société décide de déléguer les formalités à des professionnels (avocat, expert-comptable ou plateforme en ligne), il faudra compter des frais supplémentaires. Dans le cas des Legaltechs, le tarif commence généralement à partir de 150 € HT.